Interview / Le 4 octobre 2022

Pascal Valty

Découvrez le troisième portrait de notre série
Ma Veste, Mon Travail.

Parle-nous de tes débuts, de ta passion pour la bande dessinée ?

Mes premières BD doivent dater de mes 6,7 ans environ, je lisais Pif Gadget, Picsou Parade… je voulais faire pareil. J’ai arrêté aux Arts Déco quand on m’a fait comprendre que c’était pire qu’une MST.

Comment ça se fait une BD ?

Il faut du papier, un crayon et puis une histoire, idiote de préférence, à raconter.

Quelles sont les étapes ?

Il vaut mieux faire le crayonné avant l’encrage, après, le texte c’est quand on veut mais de préférence dans les bulles.

Tu travailles tout seul ou avec une équipe ?

Seul ou à deux ça dépend du sujet, du contexte… au-delà, c’est comme dans les relations amoureuses, ça devient compliqué. En revanche pour le travail d’éditeur c’est toujours en équipe.

« J’ai toujours dessiné, comme tous les enfants, c’est le premier langage écrit. plus tard, il y a ceux qui arrêtent, et ceux qui font de la BD. l’écriture c’est la bible, la BD c’est Lascaux. »

Apprendre à dessiner c’est un Everest, raconter une histoire c’est encore autre chose, comment apprend-on cela ?

J’ai toujours dessiné, comme tous les enfants, c’est le premier langage écrit. Plus tard, il y a ceux qui arrêtent, et ceux qui font de la BD. L’écriture c’est la Bible, la BD c’est Lascaux, personnellement je suis plus Lascaux, il ne manque que les phylactères… Là, j’ai déjà raconté un début d’histoire, c’est pas plus compliqué que ça.

Quel sont tes maitres du genre ?

Il y en a tellement, Bretecher, Reiser, Trondheim, Sattouf, Larcenet, Fred, Morris, Hergé, Fabcaro, Edika, Pellos, Goscinny, Franquin, Gotlib… Mais si je ne devais en retenir qu’un, je dirais les Barbapapas, pour les années de tranquillité qu’ils m’ont offert en occupant mes enfants.

Y-a t-il une discipline de vie chez le dessinateur ?

C’est un travail très solitaire. Au moment du confinement beaucoup de gens ont découvert une autre vie coincée chez eux alors que c’était mon quotidien depuis toujours. Je crois que ça m’a rendu heureux, comme un sentiment de partager enfin ma vie en pantoufles avec le reste de la planète.

Ton métier nécessite un œil de lynx, une oreille perfide, un radar à lieux communs, ça se travaille ces choses-là ?

Bien sûr, ça devient même une seconde nature, la vie quotidienne est un vivier extraordinaire. D’ailleurs, si j’étais bouddhiste, j’aurais très peur de me réincarner en éponge.

« Il n’y a rien de plus personnel que l’humour, souvent la distance qui sépare le rire de la gêne se compte en microns. »

Docteur Valty, je ne ris plus, pourquoi ?

Parce que vous avez perdu votre âme d’enfant. C’est le propre de l’adulte d’être chiant, la preuve, quand un politique a un tant soit peu d’humour, on lui reproche. Notre société crève de ça.

Docteur Valty, je ris trop, c’est grave ?

C’est le revers de la médaille. A vouloir toujours être drôle, on finit parfois par être lourd.

L’humour semble de moins en moins partagé, presque communautarisé. et toi, ta communauté c’est qui ?

Il n’y a rien de plus personnel que l’humour, souvent la distance qui sépare le rire de la gêne se compte en microns. Surtout quand on joue beaucoup avec le second degré. Si je vous parle d’humour juif, d’humour trash ou d’humour jihadiste, on sent bien qu’on ne va pas faire marrer les mêmes personnes (pour le dernier groupe, je ne suis même pas sûr qu’il y ait un humour ou alors très, très noir. Personnellement, la décapitation, c’est ma limite.)

L’humour est un peu l’exutoire d’une nation, l’expression de son moral ; ta mission semble donc être de première importance, de salubrité publique peut-être ?

L’humour est souvent le meilleur moyen de désamorcer une situation tendue justement parce que ça fait appel à l’intelligence de l’autre, la capacité à trouver un territoire commun. Trump est un humoriste hors pair, le problème c’est qu’il ne le sait pas.

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