Interview / Le 8 novembre 2022

Véronique Renard

Découvrez le quatrième portrait de notre série
Ma Veste, Mon Travail.

Parle-nous de ton métier

Je suis artisan, créatrice de bijoux. J’ai créé ma marque il y a 20 ans. C’est Martine et Armand Hadida (L’éclaireur) qui m’ont permis de démarrer. Ils ont cru en moi ! Je suis autodidacte, ce qui m’a valu quelques erreurs, mais m’a donné beaucoup de liberté.

Comme dans la plupart des métiers il y a l’excitation de la création mais aussi la déception, la magie de voir l’objet exister, mais aussi la fatigue. C’est tous ces sentiments mêlés qui nous construisent. Les premières années, je ne pensais qu’à mon travail, j’étais un peu égocentrée, puis avec le temps et la certitude d’avoir réalisé quelque chose de bien je me suis ouverte aux gens et à tout ce qui m’entoure.

Je sollicite régulièrement la participation d’autres artisans pour réaliser les parties de mes bijoux comme le verre, la céramique. Des illustrateurs ont aussi décoré des écrins pour mes bijoux, je leur suis fidèle et des liens d’amitié se sont créés, ça me permet aussi de sortir de la solitude de ce métier.

Quelle matière préfères-tu travailler ?

Celle que je travaillerai demain. C’est un peu exagéré mais c’est vrai, j’adore découvrir des matières.

Cependant je ne sais pas travailler les matières synthétiques, industrielles, très techniques ou trop parfaites. Ce n’est pas que je ne les aime pas, au contraire c’est qu’elles sont hors de mon univers.

Moi, il me faut des matières plus naturelles ayants du poids, des irrégularités, des altérations qui donnent une patine… La matière qui est la base de mes pièces c’est le bronze. Aujourd’hui on confond souvent le laiton doré et le bronze. Le bronze c’est un alliage utilisé pour la sculpture. Un métal très solide mais très dur à travailler, il est coulé en fonderie, on ne peut pas l’emboutir comme le laiton, l’argent…Il n’est pas possible en bronze de faire des pièces extra fines et légères, le bronze a toujours un poids, ça lui donne de la qualité.

« Je sollicite régulièrement la participation d’autres artisans pour réaliser les parties de mes bijoux comme le verre, la céramique. »

QUELLES SONT TES SOURCES D’INSPIRATION ?

Alors là, c’est on ne peut plus simple. Pas de concept, de recherche formelle, de recherche de style…

Je me promène, je vois quelque chose qui provoque en moi une émotion et je me l’approprie.

Ça peut être une petite tomate ou la Grande Ours dans le ciel…Il n’y a pas de hiérarchie dans mes émotions, je me nourris du quotidien, d’une poétique simple. Pour moi, le bijou n’est pas un complément de beauté, il a sa propre existence. C’est un objet à part entière. On peut le porter comme on peut l’accrocher à un mur, sa fonction première n’est pas la séduction, j’ai d’ailleurs une conception de la beauté de la femme très éloignée des stéréotypes. Pour moi, la beauté et la sensualité passent plus par la gestuelle, la façon dont la personne bouge son corps.

POUR LES 20 ANS DE TA MARQUE TU AS CHOISI UNE CAMPANULE, POURQUOI ?

Je voulais marquer un peu l’événement, alors j’ai choisi une fleur qui pousse à la même époque de l’année que le début de mon activité : une fleur de printemps, la campanule, pour symboliser la délicatesse, la fragilité.

« …La force de cette marque c’est la veste de travail dans une matière inégalée, avec un choix de couleurs incroyables et le travail des points de maille… »

Pourquoi as-tu adopté la veste du Mont Saint Michel ?

C’est son tissu, la moleskine, qui m’a attiré en premier, c’est un tissu qui se patine avec le temps un peu comme un cuir naturel. Il faut dire que j’ai fait les Arts Déco en section textile : ça explique mon œil avisé ! Après, si on rentre dans le détail, on s’aperçoit qu’elle n’est pas trop large et que les manches sont bien longues, ce qui lui donne de l’élégance.

Ta couleur préférée ?

Moi j’ai la « 862 » à mon nom, en Bleu, mais si je devais en choisir une autre aujourd’hui je prendrais la grise. Je trouve que le satiné du tissu lui donne un aspect nacré, c’est très lumineux.

Tes pièces préférées de la collection hiver ?

Le cardigan Gadda et la vareuse (leur petite dernière à qui je souhaite une gamme de couleurs étendue). Le Gadda car il a une coupe très personnelle, il est ample, resserré en bas et assez court avec deux grandes poches plaquées devant, autrement dit une coupe de caractère et pratique. Le must c’est le patch de points différents, et là j’avoue que le Mont Saint Michel sait faire… Pour moi la force de cette marque c’est la veste de travail dans une matière inégalée, avec un choix de couleurs incroyables et le travail des points de maille. Savoir puiser dans ses racines.

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